Tuesday, July 19, 2016

Bellum 2016 Montréal - Saguenay

Montréal -Saguenay. Bellum 2016

La grande aventure, oui,oui, la grande aventure.

11 juillet 2016
De me rendre compte que le lendemain de notre départ nous sommes à Trois-Rivières, c'est déjà un exploit en soi.  Naviguer sur le fleuve avec les marées et les courants et sacrifier la chaleur des Mille Îles pour l'eau glaciale du fleuve alors que je recherche la douceur du vent du sud et le soleil en permanence, ça aussi c'est un exploit.
Ceci dit, la vie est belle!  On est à l'ancre à Trois-Rivières dans l'embouchure de la rivière St-Maurice, le vent est chaud et caressant, il y a une mini bruine, l'eau est bonne, on entend les cloches qui sonnent l'angélus du soir et on relax.  Oui, la vie est belle! 
On est parti une semaine plus tard que prévu suite à des inquiétudes causées par l'hélice du bateau.  À ma demande, Allan à fait sortir le bateau de l'eau pour vérifier que les bruits anormaux que nous entendions ne cachaient aucune anomalie grave.  
Il a acheté une hélice sur Kijiji mais celle-ci s'est avérée pire que celle qui était sur Bellum, alors retour à l'originale.  Puis deux jours plus tard, Allan s'est retrouvé cloué au VBerth pour se retrouver deux jours plus tard à l'hôpital.   Il en est ressorti quelques heures plus tard en pleine forme, Dieu merci, grâce aux pilules miraculeuses qu'ils lui ont prescrites.
Nous voilà donc rendus le 11 juillet et on a prévu quitter le RSTLYC en début d'après-midi.  On quittera finalement le quai vers 15h00.  
Les écluses Ste-Catherine vont nous laisser passer vers 19h45 et celles de St-Lambert vers 21h00.  Du fleuve, voir la ville de Montréal exhiber son Stade Olympique et la ville de Longueuil briller de ses  milles feux de nuit, est saisissant.
On s'est mis à l'ancre sans problème devant la marina de Longueuil  en suivant les bouées de navigation.  Comme il  était 10h15 on a pas voulu cuisiner et on a grignoté des craquelins avec du jambon et du fromage.

12 juillet 2016
5h 30. C'est délicieux de se réveiller paresseusement au son des oiseaux bavards à la lueur du jour.  Ce matin, on a faim.  Petit dėjeuner copieux : œufs brouillés, bacon et rôties...du thé vert pour la route.  On lève l'encre à 7h40  Allan dit: "tellement plus facile de suivre le petit chenal en plein jour". 2 minutes plus tard, on frappe un haut-fond...distrait qu'il était à se mettre de la crème solaire.  Un bruit fort et sec, le bateau est secoué, il vacille puis se remet en route, on a touché mais pas trop dangereusement.  Moi qui suis à l'intérieur, je jette un regard à Allan et tout de suite je vérifie la cale, à l'affût de toute infiltration d'eau.  Soulagement, aucun dommage. Plusieurs fois au long de la journée, j'irai vérifier que tout est en ordre de ce côté là.  Il fait déjà très chaud ce matin, le soleil est ardent et le vent se fait avare. Toutes les écoutilles sont ouvertes, on laisse respirer le bateau.  On croise un premier cargo, puis un deuxième.  Ce mastodonte traîne dans son sillage des vagues plus importantes qu'on aurait pu imaginer.  Oh malheur, une chaudière d'eau s'engouffre par l'écoutille et inonde notre couchette.  Draps et couettes trempées mais coussins secs protégés qu'ils sont par leurs housses imperméables.   Le tout mettra l'avant midi à sécher sur le pont du bateau caressés par le vent et réchauffés par un soleil de plomb. Le reste de la journée se passe au fil des milles nautiques qui nous séparent de Trois-Rivières.  Nous nous arrosons régulièrement, il fait très chaud. 16h30, un ancrage magnifique s'offre à nous juste avant le pont sur la rivière St-Maurice. Plusieurs bateaux sont à l'ancre dont un très beau voilier de bois.  L'eau est aussi chaude que celle du lac St-Louis, un bon bain dans la rivière nous fait beaucoup de bien.
19h00, ce soir nous cuisinons poivrons, pommes de terre et délicieux saumon sur le BBQ.  En regardant autour de nous, on se rend compte que nous ne pointons pas dans la même direction que les autres bateaux, le câblot de l'ancre s'est entortillé autour de la quille. Allan manœuvre adroitement Bellum et tout rentre en ordre. On peut dormir sur nos deux oreilles, il est 21h30.

13 juillet 2016

Je n'ai pas très bien dormi cette nuit un mal de ventre m'a incommodé toute la nuit et je me suis réveillée avec un solide mal de tête.
Il est 8h30 un bol de céréales devant moi mais les crampes me lascèrent le ventre, je ne suis pas bien.  
Nos voisins sont déjà partis, il ne reste que deux bateaux au mouillage.
Départ prévu pour Québec vers midi.   Il y a un bon vent sur la rivière on décide de partir un peu plus tôt soit vers 10h00, histoire de faire un peu de voile.   Au sortir de la rivière, le calme plat.  On fera route à moteur le plus souvent.  Trois fois le vent nous fera hisser les voiles,  trois fois il nous les fera affaler.
Le yacht club de Québec nous voit arriver vers 19h00.
Le port de plaisance est étroit et Allan manœuvre avec précaution.  Ne sachant pas trop de quel côté du ponton se trouve la place qui nous est désignée on s'engage d'abord du mauvais côté , en fait marche arrière et retourne du côté est du ponton pour finalement d'accoster juste à côté d'un autre Mirage 33!  Heureusement qu'un gentil Français nous donne un coup de main parce que c'est vraiment serré.  

14 juillet 2016
Bonne fête cousins Français!  
Un réveil paisible dans une chaleur torride.  Le temps est lourd.   On voit arriver le beau bateau qui était à l'ancre dans la St-Maurice. Nous partons vers midi visiter les plaines d'Abraham, une bonne randonnée nous attend on se rend jusqu'au centre ville.  À la sortie du club on fait la connaissance de Pierre et Nicole les proprios du fameux voilier.  Gens très sympathiques, ça fait 40 ans que Pierre possède ce bateau et qu'il navigue sur le fleuve.  Un vrai marin quoi! 
Ça ne fait pas une demi-heure qu'on est parti qu'une petite pluie se met à tomber.  Il fait tellement chaud et collant que cette ondée est vraiment bienvenue.  Ça s'intensifie, la pluie tombê solidement maintenant, on se met à l'abri sous un arbre mais voilà que la pluie devient orage.  Le tonnerre gronde, on est trempés, pris en otage par dame nature.  Ça se calme un peu, on retourne au bateau.  Rien à faire, la sieste est de mise.
Vers 17h00 on repart vers le centre ville.  Une masse de monde converge vers les plaines par le grand escalier de plus de 400 marches que j'ai peine à monter.  C'est le festival d'été de Québec, la ville bouillonne.  On casse la croûte dans un sympathique Bistro au coin de  Couillard et Ferland.  Ces deux là ne s'entendent sûrement pas très bien!  Croque monsieur au chèvre et confit de canard, vraiment délicieux.
On visite le bassin Louise et son écluse puis on revient à pied jusqu'au QYC par la rue Champlain.  25,000 pas sur ma Fitbit et 55 étages. Ça me vaudra sûrement quelques médailles.
Il est 23h00, la grille est fermée alors qu'André m'avait dit qu'il ne la fermerait qu'à minuit.  Allan se glisse sous la barrière et actionne le mécanisme d'ouverture.  On est sauvé, on ne dormira pas dans la rue ce soir.  Bellum nous bercera.

15 juillet 2016
Droit de veto!  Droit de veto!
Décision, on reste à Québec plus longtemps ou on descend le fleuve jusqu'à Tadoussac?  J'ai la peur au ventre!  L'envie d'aller plus loin m'attire mais j'ai les entrailles nouées juste à l'idée d'y penser. 
La curiosité et le désir de voir le large l'emporte. On fait le plein d'eau, de diésel  et on quitte le YCQ vers 15h30.   Le vent est bon et gonfle le génois sous une pluie légère. Un arc en ciel peu arqué s'étend de la pointe de l'Ile d'Orléans aux terres de la rive nord.  C'est magnifique.  Un cargo rouge vif quitte un quai commercial et nous dépasse sans nous incommoder.  On arrive à la marina St-Laurent de l'Île de Bacchus vers 17h30, un jeune garçon vient nous aider à accoster. Petite marche en direction de l'épicerie du village où on achète pain, tomates, lait, chocolat et fraises fraîchement cueillies.  Petite soirée tranquille et bonne nuit de sommeil.

16 juillet 2016
Ce matin, on mange des crêpes aux fraises de l'Île nappées de sirop d'érable.  Le grand luxe!  On prévoit partir pour Cap à l'Aigle à la pleine mer de St-Laurent vers 14h00 .  Mais avant de partir nous allons nous balader dans le village gré des maisons coquettes et des boutiques d'art.  La deuxième boutique me fait découvrir le travail de Steven Lamb, un peintre natif de la Bulgarie mais résidant à Montréal. Son travail m'a beaucoup impressionné, le côté humoristique de ses personnages, le jeu des couleurs, la subtilité des teintes et le contrastes des contours tantôt flous donnant aux personnages une douceur extrême, tantôt francs révélant une tout autre caractère. 
Un petit sandwich, et nous voilà parti.  On atteindra la fin de l'Île d'Orléans à 16h52 sans croiser un seul cargo mais, n'arriverons jamais à la destination prévue.
Il est presque 20h30 la mer est calme, presque pas de vent, on s'ancre à l'Île aux Coudres près du traversier. C'est la basse mer, Allan sonde les profondeurs de la baie et on jette l'ancre dans 20 pieds d'eau faisant face au courant croyons nous.  Oh surprise, le bateau vire à 180 degrés!  On reprend la manœuvre pour s'ancrer cette fois dans le bon sens. La renverse du courant nous joue des tours.  La nuit sera très calme aucun remou ne viendra troubler notre sommeil, ce sera l'alarme du profondimètre qui nous réveillera.  Il est 3h30 on réancre et retournons au lit. 

17 juillet 2016
7h30 sonne l'heure du réveil, ce matin ce sera des crêpes aux fraises et sirop d'érable.  Un vrai régal!
Nous quittons vers 9h30 avec un courant presque nul.
10h50 le courant nous porte jusqu'à 10,5 noeuds pour lentement stabiliser notre allure autour de 6,2 noeuds, vitesse du moteur.
Nous passons Port au Persil vers 14h00 puis St-Siméon autour de 15h45,  la mer est un miroir.




18 juillet 2016
Nous voilà rendus à Tadoussac!  J'en reviens pas, moi qui étais si angoissée à l'idée de naviguer sur le fleuve, sans cesse me faisant des scénarios catastrophes de situations non gérables et épeurantes...eh bien, rien de tout cela n'est arrivé.  "Beginners luck"!  La nature nous a épargné. Nous avons franchi la distance séparant notre ancrage de l'Île aux Coudres à l'embouchure du Saguenay en une dizaine d'heures sur une mer d'huile. Un arc en ciel autour du soleil, phénomène rarement observable, a salué notre départ de l'Ile.  Tout au long de notre avancée, la température de l'eau s'est rafraîchie graduellement mais sûrement.  Puis, à hauteur de St-Siméon...le spectacle!  Plusieurs floppées d'alca torda, les petits pingouins de l'est du St-Laurent se laissent porter par le courant, dès que Bellum croise leur route, ils se mettent soit à patiner rapidement sur la surface de l'eau ou à plonger tête première en montrant pendant un court instant leurs petits derrières blancs avant de disparaître complètement sous les flots et réapparaître un peu plus loin. Les bélugas nous ont salués de loin avec leurs dos blancs bien visibles.  Un veau s'est fait plus audacieux et a plongé plus près de nous.  Un peu plus tard nous avons eu le bonheur d'observer un Gibard, le petit rorqual, fendre les eaux majestueusement pour finalement se donner en spectacle, d'abord la tête puis le dos bien arqué typique du dernier plongeon dévoilant une nageoire dorsale en forme de crochet. Il ne nous a toutefois pas montré sa queue.
Ensuite, ce fut le tour des phoques communs de nous regarder avec grande curiosité. 
Au moment où j'écris ces lignes, une petite pluie tambourine sur le pont du bateau et me berce doucement.  Que ce calme me fait du bien.  Allan est aussi absorbé par un travail et ne trouble en rien l'atmosphère paisible et silencieuse qui m'enveloppe.  La pluie a cessée, un oiseau chante : do, si, sol, sol, sol, sol, sol.  Plus loin, une mouette se fait entendre. Il 18h22 à la marina de Tadoussac, nous avons fait une très belle randonnée sur un sentier qui nous a mené à un point de vue sur le traversier puis qui a débouché sur l'Auberge de Jeunesse tout en haut de la colline.  Sur le chemin du retour je me suis arrêtée à toutes les boutiques, ai bien failli acheter une jolie tunique mais ce n'était pas mon jour de chance, il n'y avait pas ma grandeur.  Nous avons fait l'épicerie sur la rue du Pionnier et l'averse nous a raccompagnée jusqu'à Bellum.
19h15 Sans crier gare, un coup de vent de 27 noeuds vient de secouer le bateau, le ciel est noir de nuages menaçants.  Quelqu'un veille sur nous, nous sommes à quai.  20h20 Au nord-est un arc en ciel relie maintenant les deux rives du Saguenay tandis qu'au sud ouest le ciel est en feu.  
21h00 C'est reparti, le vent nous secoue de nouveau 24 noeuds...soutenus.  Les défenses crient, les drisses tapent le mat malgrées qu'elles sont solidement attachées. Bellum roule d'un bord puis de l'autre, vibre et tremble.
La nuit s'annonce mouvementée.

19 juillet 2016
Avertissement de vent fort et de coup de vent.  Deux voiliers se préparent à sortir mais changent d'idée. On aurait bien aimé se rendre à l'Anse St-Jean mais le gros bon-sens nous commande de rester à quai.  Une autre randonnée nous attend,  elle nous fait longer la pointe de L'Islet.  C'est la mer basse, la côte nous dévoile ses secrets.  Longue promenade sur la grève, Allan caméra en main s'adonne à sa passion.  Je l'observe et...derrière lui j'en crois pas mes yeux, un tête de baleine sort de l'eau et quelques secondes plus tard, c'est son dos que j'apperçois.  On est resté plus d'une heure à l'observer.  Plusieurs fois elle a exhibée sa nageoire dorsale, puis j'ai eu une vue du profil de sa tête avec sa mâchoire inférieure blanche bien visible et pour la fin elle est sortie de l'eau avec fracas jusqu'à mi-corps et ensuite est disparue pour de bon. Tellement excitant!  Allan à réussi à filmer le spectacle. On était aux premières loges!  Puis on est allé manger des calemars frits et des excellentes frites chez Mathilde Express puis on a partagé un bol de Gelato aux saveurs de crème brûlée et dulce de leche et un petit expresso bien serré. Une superbe journée un peu frisquette remplie d'air frais, et de moments à immortaliser.  La nature s'occupe bien de moi, j'avais besoin de calme et de tranquilité après cette première navigation sur le St-Laurent,  elle nous a forcé à rester 2 jours et 3 nuits à Tadoussac pour me permettre de faire le plein avant de repartir sur les grandes eaux.

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